De 1972 à 1991: Les militaires monopolisent le pouvoir

Gabriel Ramanantsoa   

Le Président Tsiranana contraint de démissionner à la suite des évènements de mai 1972 et transmet les pleins pouvoirs à son chef d’état major.

Conscient de l’inconstitutionnalité de sa prise de pouvoir, l’officier improvisa un referendum pour régulariser la situation. L’objet du referendum était la mise en place d’un régime de transition de 5 années dirigé par un régime militaire. Il devint alors Chef d’État. Si les qualités militaires du Saint-Cyrien font l’unanimité, celui-ci s’avéra être un piètre politicien. En effet, il a servi dans l’armée française pendant la deuxième guerre mondiale et a prit part dans la guerre d’Indochine.

Ramanantsoa choisit de dissoudre l’Assemblée nationale et le Sénat, a suspendu tous les partis politiques convaincu que ce fut une bonne stratégie pour ramener la stabilité. Le général fut incapable de calmer la grogne populaire due au cout de la vie, les impacts de la crise économique mondiale engendrée par le choc pétrolier, le tribalisme menaçant. Il fut même l’objet de toutes sortes de complots même au sein de son propre gouvernement.

C’est sous son régime que commença le fameux fanjakan’ny madinika et l’usage abusif de termes comme: “vahoaka”, “madinika”, “mpangoron-karena” … dont l’anarchie résultante est devenue la gangrène de la société malgache actuelle.

Colonel Ratsimandrava, officier de la gendarmerie

Le général Ramanantsoa jette l’éponge le 5 février 1975. Il décide à la surprise de tous de transférer les pleins pouvoirs encore de façon inconstitutionnelle à son ministre de l’Intérieur, Ratsimandrava Richard. Malheureusement ce dernier trouve la mort 6 jours plus tard, victime d’un attentat.

Directoire militaire

Le général Andriamahazo ministre “sans portefeuille” du gouvernement Ratsimandrava se retrouve de facto et encore de façon inconstitutionnelle chef d’état à la tête d’un directoire militaire à la suite du décès de Ratsimandrava. Le pays est au bord de la guerre civile. Le général improvise un simulacre de procès pour calmer les esprits après une expédition punitive sur le camp du GMP (Police). Ces derniers sont soupçonnés d’être responsable de l’assassinat du Colonel Ratsimandrava.

Didier Ratsiraka, officier de la marine

Puis un beau jour de juin 1975, le directoire remet le pouvoir une fois de plus de façon inconstitutionnelle à celui auquel on s’attendait que le général Ramanantsoa aurait dû transférer le pouvoir. Il s’agit de l’officier de la marine Didier Ratsiraka. (NDLR Il ne faisait pas partie du gouvernement Ratsimandrava).

Il bénéficie d’un courant de sympathie à la suite de ses coups d’éclats en tant que ministre des Affaires étrangères de Ramanantsoa. Il en profite alors pour faire plébisciter un semblant de programme politique basé sur une “révolution” en décembre 1975. Cette révolution serait en fait la lutte de libération de 1947 dont sa famille PADSEM a combattu pourtant.

Il essaie d’instaurer un régime “révolutionnaire” copier-coller raté des régimes “révolutionnaires” de l’époque à savoir l’URSS, la Chine de Mao Tsé Toung, la Corée du Nord du “Grand Frère” Kim Il Sung (si! si!), Cuba de Fidel Castro, l’Irak de Saddam Hussein … Il force l’avènement d’un parti unique mais échoue face à la résistance des grands partis existants comme l’AKFM d’Andriamanjato Richard, le MFM de Manandafy Rakotonirina, le MONIMA de Monja Jaona beaucoup mieux structurés et possédant des bases idéologiques solides par rapport à son parti improvisé AREMA.

Par dépit il a transformé son projet de parti unique en un front national de la défense de la révolution bâti autours du conseil suprême de la révolution. Celui-ci s’avère être juste une institution budgétivore composée de personnes grassement payées pour ne rien faire. On soupçonne même cette institution d’avoir entretenu le tribalisme et la corruption.

Viennent ensuite toutes sortes d’improvisations et de mauvaises décisions dont les conséquences ont été catastrophiques pour l’économies malgache: nationalisation des secteurs clés: (banques, pétrole, électricité & eau …), monopole d’état des industries stratégiques, coopératives, contrôle des importations, mauvais trading du pétrole … L’économie est au bord du gouffre. Les conditions de vie de la population est infernale. Des queues interminables surgissent partout pour tout surtout compris les produits de base riz, huile, savon. En fait cette situation était propice pour l’avènement d’une classe de privilégiés généralement gravitant autours du pouvoir central: les fameux “Mpanao afera”. Ces derniers en profitent pleinement afin de s’adonner à des enrichissements illicites en toute impunité.

Dans les années 80 Ratsiraka est conscient que son régime révolutionnaire n’étant plus viable. En effet, le bloc soviétique était sur le point de sombrer. Il amène alors Madagascar à entamer des négociations avec le FMI en vue du rééchelonnement de la dette et pour accéder aux prêts de la Banque Mondiale. Cependant les conditionnalités imposées par les institutions de Bretton Woods asphyxient littéralement le pays.

Curieusement Ratsiraka a été promu amiral entre-temps, officiellement sur proposition de l’Assemblée nationale.

Le régime Ratsiraka tombe en 1991 à la suite d’une révolution de la rue initiée par le MFM et ses alliés, puis récupérée au bond par Andriamanjato Richard. Zafy Albert, médecin de son état se retrouve au pouvoir.

Ratsiraka revient au pouvoir

Zafy Albert n’avait ni parti politique ni programme politique au départ à part des bla bla démagogiques de son principal allié Andriamanjato Richard (le fameux forum national). Zafy Albert essaie de bâtir un parti politique l’UNDD. Mais mauvais politicien, il se retrouve très vite récupéré et piégé par tous les faucons, opportunistes, retourneurs de vestes en tous genre. Le régime Zafy fut gangrené rapidement par le népotisme, corruption et permit le retour en force de Ratsiraka au pouvoir.