Cet épisode dit des “financements parallèles” a terni l’image de Zafy Albert. Flamco escroque le gouvernement Malagasy. Ce dernier a perdu 3 millions de dollars et la confiance des bailleurs de fonds dans cette affaire.
Les effets du passage du très puissant cyclone Géralda étaient dévastateurs sur toute l’étendue de Madagascar début février 1994. Géralda était un cyclone tropical très intense de catégorie 5 (valeur maximum) sur l’Échelle de Saffir-Simpson avec des vents de plus de 250 km/h.
Un approvisionnement providentiel
Zafy Albert fortement influencé par Andriamanjato Richard accepte d’aller de l’avant dans cette opération. Il donne le feu vert à la société malgache SOMACODIS et la Banque BTM (actuelle BOA) pour conclure de conclure un contrat d’approvisionnement de produits de première nécessité avec une société dénommée Flamco Aktien Gesellschaft. Celle-ci était domiciliée à Vaduz la capitale du Liechtenstein. Le contrat prévoyait entre-autres la fourniture de 60.000 tonnes de riz, de l’huile alimentaire, de lait en poudre …
Mais Flamco réclamait une caution de 3.275.000 USD qu’elle s’engageait à rembourser dans son l’intégralité quelques jours après la livraison. L’état malgache emprunte au FMI la somme requise pour honorer la caution. Le gouvernement Malagasy a versé la somme requise à Flamco le 2 juin 1994.
Une opération humanitaire douteuse
À première vue, les intentions de Flamco semblaient être louables. Le Prince Constantin de Liechtenstein haut dirigeant de Flamco était venu en personne à Antananarivo. Il présentait cette action comme étant une opération humanitaire en faveur de Madagascar. Didier Ratsiraka devenu opposant marquait son désaccord avec cette opération. Le Prince de Liechtenstein fait forte impression auprès des responsables Malagasy. C’était à tel point qu’ils n’avaient pas pris la peine d’investiguer sur Flamco. Ils auraient pu découvrir que le président de la société, un dénommé Raymond Morel s’appelait en réalité Rudolphe Lep. Celui-ci avait déjà un casier judiciaire très chargé. Il aurait même fait de la prison en 1994. On lui reproche diverses affaires de blanchiment de narcodollars de la mafia turque.
3 millions USD perdus dans la nature
Flamco n’a jamais remboursé les 3 millions de USD versés par les Malagasy. Le procureur de Nice Jean-Jacques Zirnelt se saisit de l’affaire.
Flamco justifie son défaut de paiement par un contentieux contre un certain Anthony Tannouri qui lui doit le même montant. Anthony Tannouri était un proche de Jacques Chirac et Jacques Toubon et intime du Colonel Kadhafi. Tannouri et sa société s’occupaient de la vente illicite du pétrole de la Libye sous embargo en ces temps-là.
En résumé, la caution exigée par Flamco auprès des Malagasy n’aurait servi qu’à financer la caution que Flamco devait à Anthony Tannouri dans le cadre d’une vente illicite de pétrole libyen. La Libye était sous embargo à cette époque. Mais Kadhafi trouvait le moyen de vendre du pétrole au marché noir en passant par une série d’intermédiaires dont Anthony Tannouri. En revanche Kadhafi exigeait des paiements en lingots d’or.
Une petite consolation
Petite consolation pour les Malagasy: Le tribunal correctionnel de Grasse a condamné Rudolphe Lep en juillet 2006 à cinq ans de prison ferme et 375.000 euros d’amende.
Cet épisode dit des “Financements Parallèles” ternit le régime Zafy Albert. Il en résulta une nette détérioration de la coopération de Madagascar avec ses bailleurs de fonds traditionnel. Le régime Zafy a hérité d’une économie ruinée par les 15 années du régime Ratsiraka. Madagascar ne pouvait pas se passer des financements de ses bailleurs de fonds qui constituaient l’essentiel de ses ressources.
Références
Financement parallèle sur Liberation.fr
Le milliardaire Antony Tannouri jugé pour escroquerie humanitaire